La gravière de Veyrignac

Cette reconversion d’un site industriel en site naturel revêt un caractère exceptionnel en France par son ampleur et les objectifs affichés.

Renaturation de l’ancienne gravière de Veyrignac

Ce sont près 15 ha d’une ancienne gravière qui ont été rendu à la nature et à la rivière DordogneLes gravières ont permis pendant plusieurs années d’extraire de la rivière Dordogne une ressource essentielle pour la construction : le galet. Une fois trié et calibré, le galet était utilisé tel quel ou concassé pour construire des routes, des bâtiments ou des ouvrages d’art….

Ces prélèvements dans la rivière Dordogne ont totalisé près de 3 millions de m3 dans le département. Des années cinquante à 1981, sur la rivière Dordogne, cela représente un matelas d’une épaisseur de 1,5 m qui a été soustrait à la rivière. Cela n’a pas été sans conséquence sur la vie de la rivière, son lit s’est enfoncé provoquant la déconnexion des bras annexes, une biodiversité moins importante, des effondrements de berges, une diminution des capacités d’épuration de la rivière…

Cette opération de renaturation s’inscrit dans un vaste programme de reconquête de la rivière Dordogne dans l’esprit du classement accordé par l’UNESCO au titre des réserves Homme et Biosphère qui a consacré les 25 000km² du bassin de la Dordogne, comme un site exceptionnel à préserver mais aussi à reconquérir du point de vue l’environnement. C’est l’opération la plus ambitieuse portée par EPIDOR et soutenue l’association Initiative Biosphère Dordogne (un composé d’EDF et EPIDOR). Ce vaste chantier est le fruit de plusieurs opportunités :

  • Financière : le soutien financier de l’association IBD grâce au mécénat d’EDF et de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne.
  • Scientifique : EPIDOR a engagé de nombreux études qui ont permis d’identifiés des sites à fort potentiel en vue d’une restauration. 8 sites ont été restaurés (Bras du Rivet, Bras du Fleix, Bras d’Estresse, Bras mort du Coux, gravière de Veyrignac…)
  • Politique : consciente des enjeux, les élus de la Communauté de Communes du Pays de Fénelon se sont réappropriés les objectifs portés par EPIDOR et font l’acquisition du site. Les élus ont souhaité valoriser la restauration de cet ancien site industriel en impliquant des écoles du territoire.
    Trois classes se sont engagées pour suivre la transformation du site par une visite avant le début des travaux et une après. Elles se sont coordonnées pour rédiger un journal de leurs observations et ainsi laisser un témoignage aux futurs générations d’élèves de cette singulière action menée pour la nature et la biodiversité. 
gravière de Veyrignac panneau pédagogiques @Biosphere bassin Dordogne
gravière de Veyrignac panneau pédagogiques @Biosphere bassin Dordogne

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur le projet de la restauration de la Gravière de Veyrignac, lisez l’article sur le site de la Biosphère bassin Dordogne :

Consulter aussi la vidéo de présentation de l’action de renaturation de la gravière de Veyrignac menée par EPIDOR

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Jean-Baptiste FRAYSSE

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Restauration de la gravière de Veyrignac, les résultats, 5 ans après travaux :

Neuf habitats d’intérêt communautaire sont présents (cinq étaient cités avant travaux) avec apparition et/ ou nette augmentation des milieux alluviaux pionniers : herbiers aquatiques des eaux calmes à peu courantes (code Natura 2000 3150), herbiers à characées (3140), gazons amphibies vivaces et annuels (codes Natura 2000 3110 et 3130), végétations des grèves alluviales du Bidention et du Chenopodion (code Natura 2000 3270), mégaphorbiaies riveraines (6430) ;

  • Présence de 26 plantes et 3 bryophytes d’intérêt patrimonial, dont 5 espèces protégées, 1 plante menacée de disparition en France, 2 plantes menacées de disparition en Aquitaine et 22 espèces déterminantes pour les ZNIEFF en Nouvelle-Aquitaine. En 2013, 5 plantes d’intérêt patrimonial, dont 2 plantes protégées en France (Pulicaire commune et Laîche fausse-brize) et 1 menacée en Aquitaine avaient été recensées avant travaux.
  • Lindernie des marais (Lindernia palustris), apparition remarquable de plusieurs milliers de pieds de cette plante protégée et menacée en France sur différentes stations du site, que ce soit sur les grèves des trois bras morts que sur les rives exondées de la Dordogne.
  • Pulicaire commune (Pulicaria vulgaris) : plante protégée en France et quasi-menacée d’extinction en Aquitaine, présente sur le site avant travaux sur une station. Entre 300 et 500 pieds se répartissant sur sept secteurs du site ont été observés sur des grèves alluviales des bras et de la Dordogne.
  • Pâturin des marais (Poa palustris) : forte augmentation en nombre de stations et de pieds de cette plante menacée en Aquitaine sur le site, espèce surtout présente ici au niveau des mégaphorbiaies et au sein des fourrés alluviaux.
  • Scirpe des bois (Scirpus sylvaticus) : deux stations de cette plante protégée en Aquitaine ont été observées sur les berges du bras mort reconstitué.
  • Cardère poilu (Dipsacus pilosus) : deux pieds de cette plante protégée en Aquitaine ont été observés au sein de l’ilot boisé du site.
  • Présence de faune d’intérêt patrimonial : fraie du brochet, nidification certaine du Héron cendré, nidification probable du Grèbe castagneux et du Petit Gravelot, nidification possible de l’Aigrette garzette, Loutre d’Europe, Ecaille chinée, OEdipode aigue-marine, Anax napolitain.
 

L’Oedipode aigue marine (Sphingonotus caerulans) est nommé aussi le Criquet à Ailes bleues

Cet insecte a été observé sur la zone centrale du site, au sein d’une végétation de friche alluviale ouverte. D’après la littérature consultée, cette espèce semble très rare en Dordogne puisqu’elle y a déjà été recensée qu’une seule fois (Gérard Garbaye 2017 – site de l’INPN).